Plus de quarante ans se sont écoulés depuis la mort de John Lennon, l’un des plus grands musiciens de l’histoire moderne. Comme le monde entier le sait désormais, l’ancien membre des Beatles a été assassiné par Mark David Chapman, un fan déséquilibré qui lui a tiré dessus devant le Dakota, son domicile new-yorkais, le soir du 8 décembre 1980. Une date sombre, gravée dans la mémoire collective. Encore aujourd’hui, Lennon reste célébré, aimé, vénéré pour ses chansons intemporelles, celles qui continuent d’émouvoir et d’inspirer. Chaque année, lorsqu’arrive ce triste anniversaire, les fans ne peuvent s’empêcher de se demander quelle beauté il aurait encore pu offrir au monde s’il n’était pas parti si tôt.
Une journée lumineuse que rien ne laissait présager
Ce 8 décembre, John Lennon vivait comme il l’avait toujours fait : intensément. Comme le raconta plus tard Yoko Ono, c’était une journée splendide à New York. Ciel dégagé, air vif, énergie créative au rendez-vous. Le couple avait un emploi du temps chargé : séance photo, interview, et une nouvelle session d’enregistrement de la chanson « Walking On Thin Ice » aux studios Record Plant.
Selon le magazine Smithsonian, la journée avait commencé par un petit-déjeuner au Café La Fortuna, avant que John ne file chez Viz-à-Viz pour se faire coiffer. À la sortie du salon, il arborait une coupe rétro, un clin d’œil assumé à ses débuts.
De retour à l’appartement, la photographe Annie Leibovitz l’attendait. Elle préparait le shooting pour la couverture de Rolling Stone, orchestrée par le producteur David Geffen. Malgré les tensions éditoriales — Jann Wenner voulait John seul en couverture — la séance fut un moment suspendu. Leibovitz raconta plus tard :
« John a ouvert la porte avec un blouson de cuir noir. Cheveux plaqués. Il avait retrouvé son look des Beatles. J'étais soufflée. »
Un cliché devenu légende
Ce matin-là, Yoko Ono n’était pas censée poser. Mais la photographe, touchée par la pochette de Double Fantasy, voulut capturer à nouveau l’amour brut du couple. Elle imagina une photo iconique, simple, intime. Finalement, John décida de poser nu, enlaçant sa femme, habillée, en position fœtale. Un cliché chargé de symbolique, devenu l’un des plus célèbres de l’histoire du rock.
Un premier Polaroid convainquit Lennon instantanément :
« C’est exactement ça ! C’est exactement notre relation ! »
Après une pellicule entière, John descendit à l’étage inférieur pour une interview avec Dave Sholin et l’équipe de RKO Radio. Il y décrivit sa routine, parla de son fils Sean, évoqua la télévision, la vie de famille… et livra une phrase qui glace encore aujourd’hui :
« J’espère mourir avant Yoko. Si elle mourait, je ne pourrais pas continuer. »
Il parla également de sa musique, qu’il voyait comme une œuvre unique, en constante évolution :
« Mon travail ne sera pas terminé avant ma mort et mon enterrement, ce que j’espère le plus tard possible. »
Quelques heures plus tard, il serait abattu.
Une rencontre qui ne ressemblait à rien… et qui annonçait tout
Après l’interview, Lennon sortit du bâtiment et s'étonna de voir la rue déserte. « Où sont mes fans ? » demanda-t-il. Son ami photographe Paul Goresh se trouvait là. C’est lui qui immortalisa Lennon signant un autographe à un fan à lunettes, manteau froissé… Ce fan, c’était Mark David Chapman. La dernière photo du musicien vivant.
Ironie tragique : Lennon, toujours accessible, avait pris le temps de signer son exemplaire de Double Fantasy. Cinq heures plus tard, Chapman tirerait cinq balles sur lui.
Une soirée en studio pleine d’espoir
Ignorant tout du drame à venir, John et Yoko rejoignirent les studios Record Plant pour finaliser Walking On Thin Ice, une chanson avant-gardiste composée par Yoko, sur laquelle John avait posé un solo incandescent. Après des heures de travail, il était euphorique :
« C’est ça la voie à suivre ! C’est meilleur que tout ce qu’on a fait sur Double Fantasy ! Sortons-le avant Noël ! »
Ses producteurs lui conseillèrent d’attendre. Le disque Double Fantasy cartonnait au Royaume-Uni, et John était plus fier que jamais de voir Yoko Ono enfin reconnue par la presse.
Éreinté, le couple décida de rentrer pour embrasser leur fils Sean avant de penser au dîner. Ils montèrent dans leur limousine, loin d’imaginer qu’ils vivaient leurs dernières minutes ensemble.
22h45 — Le moment où le monde a basculé
Arrivés au Dakota, Yoko descendit la première. John suivit, tenant les cassettes du morceau qu’ils venaient de finaliser.
Cinq coups de feu déchirèrent la nuit new-yorkaise.
Chapman avait tiré.
À 22h45, John Lennon s’effondrait, mortellement touché.
Transporté à l’hôpital Roosevelt, il fut déclaré mort avant même d’y arriver.
Quelques minutes plus tard, ABC interrompait un match de football américain pour annoncer l’impensable. Le monde s’arrêta.
Une planète en deuil
Le 14 décembre, à la demande de Yoko Ono, une veillée mondiale fut organisée. À 14 heures, des stations de radio du monde entier observèrent dix minutes de silence.
À Liverpool, 30 000 personnes se rassemblèrent.
À Central Park, 50 000 fans se réunirent pour honorer l’homme qui avait fait de New York sa maison.
Ce jour-là, tous les projets de John Lennon s’évanouirent, et l’histoire de la musique changea à jamais.
Mais son œuvre, elle, demeure immortelle.
John Lennon n’est plus.
Son esprit, lui, n’a jamais quitté la scène.
































