Devenir un groupe mythique et un pilier du heavy metal pour plusieurs générations n’a pas été un long fleuve tranquille pour Metallica. Le chemin parcouru depuis leurs débuts en 1981 jusqu’à leur statut de légende s’est construit à travers le talent, la persévérance… mais aussi quelques erreurs, comme vient de le reconnaître James Hetfield.
Fondé par James Hetfield et Lars Ulrich, le groupe a vu défiler plusieurs membres emblématiques : Kirk Hammett, Cliff Burton, puis Jason Newsted et enfin Rob Trujillo. Une formation soudée, mais marquée par les épreuves, notamment la disparition tragique de Cliff Burton en 1986, dans un accident de bus survenu en Suède pendant une tournée.
Après les trois chefs-d’œuvre que sont Kill 'Em All, Ride the Lightning et Master of Puppets, Metallica a choisi de se relever avec un album plus sombre, plus technique : … And Justice for All. Sorti en 1988, ce disque ouvre sur le ton lourd et incisif de Blackened, symbole de renaissance après le drame. Pourtant, un détail a longtemps fait débat parmi les fans : la quasi-absence de basse dans le mix final.
Le bassiste Jason Newsted, fraîchement arrivé à l’époque, s’était déjà exprimé à ce sujet :
« … And Justice for All n'est pas un album facile pour moi, la basse est inaudible. Il y a plusieurs raisons à cela. »
Un aveu amer qui traduisait à la fois la difficulté de s’imposer dans un groupe aussi établi, et la direction artistique rigide d’Hetfield et Ulrich.
Près de quarante ans plus tard, James Hetfield a décidé d’assumer cette erreur :
« … And Justice for All démontre clairement à quel point nous avions besoin d’un guide à cette époque, » a-t-il reconnu.
« L’album est bon, mais les guitares et la batterie sont trop fortes. C’est clairement de ma faute et de celle de Lars. »
Un mea culpa rare, à l’image de l’honnêteté du chanteur-guitariste, qui ne cache plus les imperfections du passé.
Malgré ce défaut de mixage, … And Justice for All demeure un album culte, salué pour sa virtuosité presque progressive, ses compositions complexes et ses thèmes de justice et de rébellion. Il marque la fin d’une ère avant l’explosion mondiale du groupe avec The Black Album (1991), produit par Bob Rock, un disque plus accessible qui fera entrer Metallica dans la légende du rock des années 90.
En somme, si … And Justice for All n’est pas parfait aux oreilles de James Hetfield, il reste pour les fans un témoignage brut d’une époque où Metallica cherchait encore son équilibre entre rage, technique et maturité artistique.

































