Dans la nuit du 22 au 23 décembre 1987, le rock frôla l’un de ses points de non-retour. Nikki Sixx, bassiste emblématique et cofondateur de Mötley Crüe, fut déclaré cliniquement mort pendant deux minutes après une overdose d’héroïne. Deux minutes hors du monde des vivants. Deux minutes qui allaient bouleverser sa trajectoire… sans pour autant l’arrêter immédiatement.
Mais comment les événements se sont-ils réellement déroulés ce soir-là, à l’hôtel Franklin Plaza de Los Angeles ?
Une nuit de chaos à Hollywood
Comme souvent dans le Los Angeles des années 80, la frontière entre fête et autodestruction était inexistante. Les témoignages de cette nuit restent flous, brouillés par l’alcool, la drogue et l’excès permanent. Ce qui est certain, en revanche, c’est que Nikki Sixx n’était pas seul. Autour de lui gravitaient Slash et Steve Adler de Guns N’ Roses, ainsi que Robbin Crosby, guitariste de Ratt. Un concentré explosif de la scène hard rock / glam metal de l’époque.
Après une nuit de débauche sous l’emprise de multiples substances, Sixx décida de s’injecter sa dernière dose d’héroïne, avec la dernière seringue dont il disposait. Cette fois, l’overdose fut différente. Immédiate. Violente. Fatale… du moins en apparence.
Il s’effondra aussitôt. Son corps vira au bleu. Cyanosé, inerte, impossible à réveiller.
Le témoignage glaçant de The Heroin Diaries
Dans son livre « The Heroin Diaries : A Year in the Life of a Shattered Rock Star », Nikki Sixx raconte que Sally McLaughlin, alors petite amie de Slash, tenta de lui prodiguer un bouche-à-bouche, pendant que le guitariste de Guns N’ Roses, ignorant la gravité de la situation, saccageait la salle de bains de la chambre dans un accès de rage et de confusion.
Lorsque les ambulanciers arrivèrent sur place, Sixx ne présentait plus aucun signe de vie. Malgré tout, ils tentèrent une injection d’adrénaline. C’est à ce moment précis que le bassiste affirme avoir vécu une expérience de décorporation, décrite plus tard dans The Dirt : Confessions of the World’s Most Notorious Rock Band :
« J’ai essayé de me redresser pour comprendre ce qui se passait. Je pensais qu’il me serait difficile de me soulever. Mais à ma grande surprise, j’ai eu l’impression d’être debout, comme si je ne pesais rien. Puis, comme si quelque chose de très doux me saisissait la tête et me tirait vers le haut. Au-dessus de moi, tout était blanc. J’ai baissé les yeux et j’ai réalisé que je quittais mon corps terrestre. Nikki Sixx, ou plutôt le corps tatoué et sale qui m’avait autrefois contenu, était allongé sur une civière, le visage recouvert d’un drap, poussé par les ambulanciers dans une ambulance. »
« Nikki Sixx est mort »
Au milieu de cette confusion absolue, la nouvelle tomba comme une bombe : les radios annoncèrent la mort de Nikki Sixx.
Dans « The Heroin Diaries », Vince Neil se souvient de ce moment dévastateur :
« Peut-être qu’au fond de moi, je savais que ça arriverait un jour, mais la nouvelle m’a anéanti parce que j’aimais Nikki, même s’il était arrogant et égoïste. J’ai pleuré. Et c’était la première fois que je pleurais. »
Pour le monde du rock, Mötley Crüe venait de perdre son cœur noir.
Le retour impossible
Et pourtant…
Sans aucune explication scientifique claire, Nikki Sixx se réveilla quelques heures plus tard à l’hôpital. Mécontent, confus, toujours accro, il arracha ses perfusions, envoya balader un policier et quitta l’établissement sans prévenir personne :
« Je me suis retrouvé en pantalon de cuir sur le parking, où deux adolescentes pleuraient autour d’une bougie. Elles avaient entendu à la radio que j’étais mort et semblaient un peu surprises de me voir. »
Les jeunes fans lui donnèrent leur veste, une brochure sur le sevrage, et le ramenèrent chez lui dans leur Mazda. Une scène irréelle, presque absurde, digne d’un film… ou d’une légende urbaine du rock.
Une mort annoncée… devenue mythe
Cet épisode marqua profondément Nikki Sixx, même si sa descente aux enfers se poursuivit encore quelque temps avant une véritable rédemption. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des moments les plus sombres — et les plus mythiques — de l’histoire du rock américain.
La scène a également été reprise dans The Dirt, l’adaptation cinématographique retraçant l’histoire chaotique et sulfureuse de Mötley Crüe, rappelant que dans les années 80, le rock pouvait tuer… mais parfois aussi ressusciter.
































