Placebo : Nouveau look pour Brian Molko, "J'en ai marre d'être une icône glam"

Placebo : Nouveau look pour Brian Molko, "J'en ai marre d'être une icône glam"

Le chanteur de Placebo a évoqué son nouveau look, bien loin du glamour de ses débuts.

Brian Molko n’a jamais aimé la tiédeur. Ni dans sa musique, ni dans son image. Pourtant, à l’occasion des interviews données pour la promotion de Never Let Me Go, dernier album de Placebo et point de départ d’une nouvelle tournée mondiale, le chanteur a créé la surprise. Exit le maquillage outrancier, les poses ambiguës et l’esthétique glam qui ont fait de lui une figure culte des années 90. Aujourd’hui, Molko apparaît cheveux longs, moustache épaisse et chapeau noir vissé sur la tête, comme une rock star tout droit sortie des années 70.

Un choc visuel pour les fans, tant l’artiste a longtemps incarné un androgynat décadent et introspectif, symbole du retour du glam rock dans la musique britannique. À l’époque, Placebo chantait le sexe, la transgression, le malaise adolescent, et Molko en était l’icône parfaite : ongles noirs, rouge à lèvres et regards fiévreux. Une esthétique qui a marqué toute une génération.

De Bowie à Lemmy : la mue

Ironie du sort, celui qui ressemblait autrefois à son modèle absolu, David Bowie – mentor et découvreur du groupe – évoque désormais davantage Lemmy de Motörhead, voire un musicien de rock sudiste, qu’un Thin White Duke post-moderne. Une transformation qui ne doit rien au hasard, mais qui accompagne une réflexion bien plus profonde sur le rôle de l’artiste, du groupe, et de l’image dans un monde saturé de filtres.

Après deux ans d’interruption dus à la pandémie, Placebo revient sur scène avec un regard neuf, presque désabusé. « Nous avons eu beaucoup de temps pour réfléchir à ce que signifie être dans un groupe et à son impact sur nous en tant qu’êtres humains. En fait, peut-être même trop », confie Brian Molko.

Un sentiment partagé par le bassiste Stefan Olsdal : « Avant, nous devions concilier vie personnelle et engagements avec Placebo, et soudain, nous avons retrouvé cette liberté. Maintenant, il faut faire l’inverse : trouver une place pour Placebo dans nos vies. C’est la première fois depuis la formation du groupe. »

La fin du sacrifice

Derrière ce nouveau look, il y a surtout une rupture intime. « C’est une période étrange pour le monde et pour les musiciens comme nous, qui avons tendance à beaucoup réfléchir. Il y a de l’anticipation, de la crainte, un peu de peur », avoue Molko. Puis cette question, presque existentielle : « Pourquoi des gens comme nous ont-ils besoin de la validation des autres ? »

Le chanteur de Placebo le dit sans détour : il est lassé d’être une icône glam. Après des années à s’offrir en sacrifice artistique, à transformer son corps et son image en manifeste permanent, il aspire à autre chose. « Nous ne voulons plus nous sacrifier, ni notre âme, pour le groupe, surtout parce que dans le monde d’aujourd’hui, grâce à l’esthétique Instagram, personne ne se présente aux autres sans filtre. »

Provoquer autrement

Paradoxalement, ce renoncement à la provocation en est une nouvelle. Plus silencieuse, plus mature, mais tout aussi dérangeante. « J’ai toujours essayé de créer un malaise. Comme le disait mon ami et mentor David Bowie : si vous êtes un artiste et que vous vous sentez à l’aise, c’est que vous vous y prenez mal. »

Avec Never Let Me Go, Placebo ne renie rien de son passé, mais regarde droit devant. Et Brian Molko, débarrassé de son costume d’icône, rappelle une chose essentielle : le rock n’est pas une question de look, mais de vérité. Même quand elle dérange.