Le 15 septembre 1968, la légende du rock psychédélique connaît un de ses épisodes les plus improbables. Alors en pleine tournée européenne, The Doors doit se produire à l’illustre Concertgebouw d’Amsterdam. Mais ce soir-là, les spectateurs découvrent un groupe… amputé de son chanteur. Jim Morrison, l’icône charismatique, n’est tout simplement pas en état de monter sur scène.
Quelques heures plus tôt, l’histoire a basculé. Dans l’après-midi, le groupe assiste au concert des Jefferson Airplane, compagnons de route de la scène psychédélique américaine. Morrison, déjà fragilisé par l’alcool et d’autres excès, se laisse emporter par l’ambiance et finit par monter sur scène pour danser aux côtés de Grace Slick et de ses musiciens. L’instant vire au chaos : Morrison s’agite frénétiquement puis s’effondre, victime d’un malaise.
Le soir venu, impossible pour lui de reprendre ses esprits. Résultat : pour la toute première fois, The Doors se retrouve contraint de jouer sans voix. Sur scène, Ray Manzarek, Robby Krieger et John Densmore improvisent une performance instrumentale, proposant de longues versions étirées de leurs morceaux. Si le public est surpris, la puissance musicale du trio réussit néanmoins à captiver l’assistance.
Cet épisode reste unique dans l’histoire du groupe. Jamais auparavant ni après, les Doors n’ont donné un concert entier sans Morrison. Mais ce 15 septembre 1968, Amsterdam a assisté à une scène symbolique : le génie et les excès du chanteur, capables d’illuminer mais aussi de plomber l’histoire d’un des groupes les plus marquants du rock.