White Stripes : Pourquoi Meg White a-t-elle quitté le groupe ?

White Stripes : Pourquoi Meg White a-t-elle quitté le groupe ?

Retour sur la batteuse mystérieuse et silencieuse, qui fut sa partenaire musicale… mais aussi l'épouse de Jack White de 1996 à 2000.

Quand Jack White est monté sur scène pour introniser les White Stripes au Rock and Roll Hall of Fame, il a livré un discours aussi étrange que profondément symbolique. Après avoir remercié sa famille « de m'avoir laissé faire tout ce désordre à la maison quand j'étais enfant », exhorté les enfants « à s'enfermer dans le garage et à se salir les mains », et salué Detroit, il a conclu par un énigmatique : « Ma sœur vous remercie ». Une façon pudique de rendre hommage à Meg White, la batteuse mystérieuse et silencieuse, qui fut sa partenaire musicale… mais aussi son épouse de 1996 à 2000.

Une rencontre qui change tout

Jack White, de son vrai nom Jack Gillis, rencontre Megan Martha White à Detroit, alors qu’elle travaille comme serveuse au Memphis Smoke, un resto du quartier de Royal Oak. Leur relation débouche rapidement sur un mariage en 1996. Et c’est là que tout bascule : en 1997, sans avoir jamais touché une batterie, Meg s’installe derrière un kit et trouve immédiatement un style. Son jeu minimaliste, sec, presque enfantin, deviendra le cœur battant du son des White Stripes.

En 1999, le duo sort son premier album éponyme. Entre-temps, ils divorcent, mais décident de rester unis artistiquement – allant même jusqu’à dire à la presse qu’ils étaient frère et sœur, brouillant les pistes comme une extension naturelle de leur univers rouge, blanc et noir. Après De Stijl, le succès explose avec White Blood Cells (2001), puis se transforme en phénomène mondial grâce à Elephant (2003).

La célébrité : la ligne rouge pour Meg

Selon Jim Diamond, manager et figure clé du début du groupe, c’est précisément ce succès planétaire qui va fragiliser Meg. La tournée, l’exposition médiatique, l’intensité du duo… tout cela devient plus lourd que ses épaules ne peuvent le supporter.

En 2007, les White Stripes publient Icky Thump, un sixième album puissant qui leur vaut deux Grammy Awards. Mais ce sera leur dernier baroud d’honneur. Avant un concert dans le Mississippi, Meg lâche une phrase qui scelle le destin du groupe : « C'est mon dernier concert. » Les dates restantes sont annulées. Le rideau tombe.

« Elle a toujours été une fille discrète ; elle n'avait aucune idée de ce que signifiait la célébrité », résume Jim Diamond. Derrière son calme, sa silhouette impassible et son jeu répétitif se cachaient sans doute une sensibilité peu compatible avec la machine rock’n’roll.

Une vie loin des projecteurs

Après le split officieux, Meg White reprend une vie simple. Elle épouse Jackson Smith, fils de Patti Smith et de Fred "Sonic" Smith, en 2009, et s’installe à Nashville avant de divorcer en 2013. Elle finit par retourner vivre à Detroit, loin des lumières, loin du bruit.

Dans un geste touchant, elle offre sa dernière batterie Ludwig au musicien local Jim Shaw pour soutenir son combat contre le cancer. Un symbole parfait : Meg n’a jamais couru après la gloire. Elle a toujours préféré la sincérité, la pudeur, l’humain.

Une influence indélébile

Aujourd’hui, son image – calme, imperturbable, presque stoïque – est devenue iconique. Son style de batterie, souvent critiqué par ceux qui n’ont rien compris au projet artistique du duo, est désormais considéré comme essentiel à l’identité du rock des années 2000.

« Beaucoup de filles se sont mises à la batterie après avoir écouté Meg White », raconte Jim Diamond. « C'est formidable de voir des musiciennes devenir aussi influentes dans le monde du rock. »

Alors, pourquoi Meg White a-t-elle quitté les White Stripes ?

Simplement parce qu’elle n’était pas faite pour la célébrité, pour la pression, pour cette surexposition. Meg White était – et est restée – une artiste authentique, instinctive, presque sauvage, qui jouait avec son cœur plutôt qu’avec des techniques.

Les White Stripes n’auraient jamais pu exister sans elle. Et peut-être que c’est justement pour cela qu’ils se sont arrêtés lorsque Meg n’a plus pu continuer : parce que sans son rythme brut et hypnotique, il n’y avait plus de White Stripes.

Lucas Brunel