Freddie Mercury, un dernier combat pour la musique
Le 6 novembre 1995, Queen publie Made in Heaven, regroupant les dernières voix de Freddie Mercury et des titres revisités par les trois membres survivants. Derrière cet album lumineux se cache le combat d’un artiste déterminé à offrir au monde une ultime œuvre, malgré la maladie qui l’affaiblissait.
Après Innuendo en 1991, Freddie s’installe à Montreux, en Suisse, près des studios Mountain, pour enregistrer dès qu’il en avait la force. « Nous allions en studio dès qu’il se sentait capable », raconte Brian May. « Quand il disait : “Je peux chanter quelques heures”, nous l’enregistrions au maximum. »
Jusqu’en septembre 1991, il enregistre des titres comme Mother Love, You Don’t Fool Me ou A Winter’s Tale. Le dernier couplet de Mother Love sera achevé par Brian May après la disparition de Freddie en novembre 1991. Les membres restants mettront plus de deux ans à finaliser l’album, portés par le souhait de respecter les dernières volontés de leur ami. Roger Taylor confiait : « Aucun de nous ne s’en est remis. Nous avons sous-estimé le vide que sa disparition allait laisser. »
Un adieu lumineux, entre ciel et lac Léman
Quand Made in Heaven sort en 1995, il n’est pas un album de deuil, mais de célébration. Tout y respire la lumière et la sérénité. Le thème du paradis traverse le disque, du titre aux arrangements, jusqu’à la pochette où la statue de Freddie Mercury domine le lac Léman.
L’album rassemble des morceaux inédits, des réinterprétations et deux titres solo de Freddie : Made in Heaven et I Was Born to Love You, réarrangés par le groupe. On y retrouve aussi Heaven for Everyone, écrit par Roger Taylor et réadapté avec la voix de Freddie, et Too Much Love Will Kill You, ballade poignante qui prend ici une dimension presque prophétique.
Malgré la sortie posthume, Made in Heaven reste optimiste. Les synthétiseurs éthérés, les chœurs aériens et la voix magistrale de Freddie créent une atmosphère suspendue entre ciel et terre. A Winter’s Tale, dernier texte écrit par Mercury, en est l’illustration : une chanson paisible et contemplative, inspirée par le paysage de Montreux qu’il admirait depuis sa maison.
L’édition CD inclut même une piste cachée d’une vingtaine de minutes, mêlant bruits ambiants et extraits de performances live, qui se termine par Freddie s’exclamant : « It’s fabulous! » – un ultime clin d’œil à son public et à sa carrière exceptionnelle.
Trente ans plus tard, Made in Heaven reste bien plus qu’un simple album : c’est la déclaration d’amour éternelle de Freddie Mercury à ses fans, un pont entre la fragilité humaine et la puissance de sa musique.

































