Il y a 30 ans, le 30 octobre 1995, Oasis sortait "Wonderwall", un titre devenu culte et symbole de toute une génération. Véritable hymne du Britpop, la chanson s’impose rapidement comme l’un des morceaux les plus emblématiques du 20e siècle, propulsant le groupe de Manchester au rang de légende. Pourtant, ironie du sort, ce titre que le monde entier chante encore aujourd’hui est détesté par les frères Gallagher eux-mêmes…
Une chanson née du chaos
Écrite par Noel Gallagher, "Wonderwall" devait à l’origine être chantée par lui. Mais au dernier moment, c’est son frère Liam qui s’en empare, lui donnant cette voix traînante et brute devenue si reconnaissable. Le morceau figure sur "(What's the Story) Morning Glory?", deuxième album du groupe, un disque monumental qui fera exploser Oasis sur la scène mondiale.
Le titre, inspiré du film "Wonderwall" de 1968 (dont la bande originale fut signée George Harrison des Beatles), parle d’un amour salvateur, d’une personne censée “te sauver de toi-même”. Beaucoup ont cru que Noel l’avait écrite pour sa compagne de l’époque, Meg Matthews, ce qu’il a ensuite démenti. Pour lui, “Wonderwall parle d’un ami imaginaire qui vient te sauver”.
Un impact planétaire
Dès sa sortie, "Wonderwall" devient un phénomène mondial. En quelques mois, elle grimpe en tête des classements britanniques et américains. Dans les années 2000, elle devient la chanson la plus jouée dans les soirées étudiantes, les bars et les concerts de reprises à travers le monde.
Elle a été reprise par des centaines d’artistes – de Ryan Adams à Ed Sheeran, en passant par Cat Power – et reste l’un des titres les plus écoutés des années 90 sur Spotify, cumulant plusieurs centaines de millions d’écoutes.
Pour toute une génération, “Today is gonna be the day that they’re gonna throw it back to you…” résonne comme un manifeste d’une époque : celle d’un rock anglais conquérant, insolent, et profondément humain.
Les frères Gallagher la détestent
Et pourtant… malgré son succès colossal, Noel et Liam Gallagher ne supportent plus "Wonderwall".
Noel a souvent déclaré en interview :
“Si j’avais su qu’elle deviendrait cette chanson, je ne l’aurais jamais écrite.”
Ce rejet s’explique par plusieurs raisons. D’abord, la surexposition : le morceau a été tellement diffusé, repris et chanté que même ses créateurs en ont fait une overdose. Mais surtout, pour les frères Gallagher, "Wonderwall" ne représente pas le vrai visage d’Oasis.
Noel préfère des titres plus bruts et ambitieux comme "Don’t Look Back in Anger" ou "Champagne Supernova", tandis que Liam considère “Wonderwall” comme une ballade trop douce, loin de l’énergie et de la fureur qu’ils revendiquaient.
Leur dédain est aussi une manière de se protéger de leur propre mythe : le morceau qui les a rendus immortels est aussi celui qui les a enfermés dans une image qu’ils n’ont jamais totalement assumée.
Un héritage éternel
Qu’ils l’aiment ou la détestent, les Gallagher ont offert au monde une chanson intemporelle. Trente ans plus tard, “Wonderwall” continue de faire vibrer les foules, de bercer les cœurs, et de rappeler qu’une simple mélodie, jouée sur une guitare acoustique, peut changer l’histoire du rock.
Et même si les frères Gallagher refusent de la jouer lors de leurs carrières solo, le public, lui, n’a jamais cessé de la chanter.
Parce qu’au fond, qu’ils le veuillent ou non, "Wonderwall" est devenu bien plus grand qu’Oasis.

































