Noël 1975. Dans une maison familiale située sur Robinhood Drive à Sayreville, dans le New Jersey, un adolescent de treize ans s’apprête à vivre un moment qui changera sa vie à jamais. Ce matin-là, John Francis Bongiovi Jr. dévale les escaliers avec ses frères Matt et Anthony, impatient d’ouvrir les cadeaux disposés sous le sapin.
La scène, immortalisée sur une image extraite d’une ancienne vidéo récemment publiée par le chanteur de Bon Jovi sur ses réseaux sociaux, respire l’innocence et l’excitation des fêtes. Pourtant, une déception se profile rapidement : John avait formulé un seul vœu cette année-là… une guitare.
« J’étais désespéré, car il n’y avait rien d’autre que je désirais plus à ce moment-là », se souvient-il. Sous le sapin, rien. Aucun étui, aucune corde, aucun instrument. Jusqu’à ce moment presque magique. Alors qu’il ramasse les papiers cadeaux avec ses frères, son regard se pose sous le canapé. Là, cachée, l’attend une Stratocaster Univox. Son tout premier trésor.
Univox, la guitare des rêveurs
Peu connue du grand public aujourd’hui, Univox est pourtant une marque culte de l’histoire de la guitare électrique. Fondée en 1960 à Westbury, dans l’État de New York, elle s’est fait un nom en important des modèles japonais et en produisant, dans les années 60 et 70, des guitares et basses inspirées de Fender, Gibson, Rickenbacker ou Epiphone. Des instruments accessibles, abordables, pensés pour les jeunes musiciens sans fortune… mais riches de rêves.
Rachetée par Korg en 1985, la marque connaîtra une seconde vie dans les années 90, portée par Kurt Cobain, grand adepte de l’Univox Hi-Flier. Un modèle mythique, produit entre 1967 et 1977, inspiré des Mosrite Ventures, ces guitares maniées par des légendes du punk rock comme Johnny Ramone, Dave Alexander des Stooges ou Fred “Sonic” Smith du MC5.
De Sayreville aux sommets du rock mondial
Pour John Bongiovi, ce cadeau caché sous un canapé marque le début d’une carrière fulgurante. Trois ans plus tard, à seulement seize ans, il fonde son premier groupe, Atlantic City Expressway, avec son ami David Bryan. À dix-sept ans, il quitte sa ville natale pour New York, où il travaille comme assistant aux studios Power Station, propriété de son cousin Tony Bongiovi.
En 1982, il enregistre « Runaway », un titre destiné à une compilation de groupes émergents du New Jersey, produite par la radio The Apple 103.5 de Lake Success. Le destin s’accélère. Un an plus tard, il devient Jon Bon Jovi et fonde Bon Jovi avec David Bryan, Richie Sambora, Alec John Such et Tico Torres.
Un Noël qui a changé l’histoire du rock
Intronisé au Rock and Roll Hall of Fame en 2018, Bon Jovi s’impose comme l’un des groupes les plus populaires de l’histoire du rock, avec seize albums, plus de 130 millions de disques vendus et des décennies de tubes planétaires.
Et pourtant, tout a commencé par un geste simple, presque anodin : une guitare électrique offerte par ses parents, John et Carol, un matin de Noël 1975.
« Ce sont des choses qu’on n’oublie jamais », confie aujourd’hui Jon Bon Jovi.
Un canapé, une Univox, et un rêve devenu légende.
































