Mick Jagger et Keith Richards ont rendu un vibrant hommage à Jimmy Cliff, la légende jamaïcaine du reggae, décédé le 24 novembre à l’âge de 81 ans. Une disparition qui endeuille autant la Jamaïque que le monde du rock, tant l’influence de l’artiste a résonné bien au-delà de son île natale.
« Tellement triste de perdre la magnifique voix de la Jamaïque », écrit Mick Jagger sur les réseaux sociaux, accompagnant son message d’une photo intime prise en coulisses avec Jimmy Cliff lors d’un concert historique à l’hôtel Ritz de New York en 1981. Une image qui capture l’admiration mutuelle entre deux géants de la musique.
De son côté, Keith Richards s’est montré particulièrement ému en évoquant sa longue amitié avec l’icône du reggae :
« J’étais en Jamaïque lors de la sortie de The Harder They Come dans tous les cinémas de l’île. On pouvait ressentir partout l’amour et la fierté que les Jamaïcains éprouvaient pour Cliff. Une voix si douce, une âme si tendre. Sa musique restera à jamais gravée dans nos cœurs. »
Une légende née de Saint James
Né en 1944 à Saint James, Jimmy Cliff se lance très tôt dans la musique. À seulement 17 ans, il croise la route de Leslie « The Chinaman » Kong, pionnier autodidacte de la musique jamaïcaine. Kong, ancien vendeur de glaces devenu créateur du label Beverley’s, repère le jeune chanteur alors qu’il interprète une chanson écrite pour sa boutique, « Dearest Beverley’s ».
Séduit par son talent, Kong publie ses premiers titres : « Hurricane Hattie », « Miss Jamaica », et d’autres morceaux qui poseront les fondations du futur ambassadeur mondial du reggae. C’est d’ailleurs Jimmy Cliff qui présente au producteur un jeune talent prometteur : Bob Marley.
L’ascension d’un artiste mondial
Après avoir signé chez Island Records, Jimmy Cliff s’installe à Londres et devient le premier artiste jamaïcain à obtenir une reconnaissance internationale. Son premier album, « Hard Road To Travel » (1967), suivi du classique « Many Rivers To Cross » (1969), l’impose comme l’une des grandes voix de sa génération.
Mais c’est en 1972 qu’il accède au statut d’icône avec le film The Harder They Come, véritable phénomène culturel. Sorti d’abord en Jamaïque avant de conquérir l’Angleterre — où il sera projeté dans un cinéma de Notting Hill — le film raconte l’histoire de Vincent Martin, jeune provincial rêvant de musique mais happé par la criminalité. Sa bande originale, portée par les chansons de Jimmy Cliff, Desmond Dekker, The Maytals et d’autres artistes, devient l’un des albums de reggae les plus importants de l’histoire.
L’œuvre sera inscrite au Registre national des enregistrements de la Bibliothèque du Congrès en 2020, consacrant son impact culturel majeur.
Une connexion profonde avec les Rolling Stones
Keith Richards rencontre Jimmy Cliff lors d’un séjour en Jamaïque. Séduit par sa personnalité et sa voix unique, les Rolling Stones l’invitent à participer à l’enregistrement du morceau « Too Rude », présent sur l’album Dirty Work (1986), où Cliff assure les chœurs avec son timbre immédiatement reconnaissable.
Cette collaboration scelle une amitié sincère entre l’icône du reggae et les légendes du rock.
Un héritage immense
Intronisé au Rock and Roll Hall of Fame en 2010, Jimmy Cliff a été salué par de nombreux artistes à travers le monde. Bruce Springsteen reprenait régulièrement « Trapped » en concert, tandis que Bob Dylan décrivait « Vietnam » comme « la meilleure chanson antimilitariste jamais écrite ».
Aujourd’hui, le monde de la musique perd un de ses plus grands poètes. Mais comme le rappelle Keith Richards, sa voix continuera de résonner longtemps encore.
Jimmy Cliff n’était pas seulement un artiste : il était un pont entre les cultures, un phare pour la musique jamaïcaine, et une source d’inspiration pour des générations entières, du reggae au rock.
Farewell Jimmy, I was in Jamaica when “The Harder They Come" was in every cinema on the island. You could feel the pride and and the love for Jimmy everywhere. The sweetest voice, the sweetest soul. His music will live with us forever! Heartfelt condolences to his family!
— Keith Richards (@officialKeef) November 25, 2025
One… pic.twitter.com/GOH8YwfiHw
So sad to lose the beautiful voice of Jamaica, Jimmy Cliff. pic.twitter.com/npUJ5KBSb2
— Mick Jagger (@MickJagger) November 25, 2025
































