Parmi les innombrables mythes qui entourent AC/DC, peu sont aussi persistants que celui concernant la paternité de l’album Back In Black. Chef-d’œuvre absolu du hard rock, disque de renaissance après un drame, il continue de nourrir débats et théories plus de quarante ans après sa sortie. La question revient sans cesse : Bon Scott avait-il déjà écrit les paroles avant sa mort, ou est-ce bien Brian Johnson qui en est l’auteur ?
Dans son autobiographie The Lives of Brian, Brian Johnson revient longuement sur cette période charnière, de son enfance à Newcastle à ses débuts avec Geordie, jusqu’à son arrivée fracassante au sein du groupe de Malcolm et Angus Young. Et surtout, il décide d’y mettre les choses au clair.
« Il y a beaucoup de théories du complot, généralement lancées par des gens qui prétendent savoir ce qui s’est passé mais qui n’y étaient pas »
Une déclaration sans détour, qui vise directement Jesse Fink, auteur de la biographie Bon : The Last Highway, lequel soutient depuis des années que Bon Scott aurait écrit l’intégralité des paroles de Back In Black avant sa disparition. Une affirmation que Brian Johnson réfute catégoriquement :
« J’avais la plume à la main, j’écrivais jour et nuit. Je n’avais que le titre. J’espère que cela mettra un terme définitif à toute spéculation. »
Une audition sous le signe du destin
Retour en mars 1980, un mois seulement après la mort tragique de Bon Scott, retrouvé sans vie dans la voiture d’un ami, garée dans une rue de Londres, après une nuit de fête de trop. Brian Johnson est alors contacté par Malcolm et Angus Young pour une audition. Un choix qui ne doit rien au hasard : Bon Scott appréciait particulièrement le chanteur de Geordie et l’aurait même recommandé au groupe.
« Je ne cherchais pas un autre groupe. Je chantais en Geordie et surtout, je ne pensais pas qu’ils me choisiraient un jour. J’aimais beaucoup AC/DC et j’étais simplement ravi de les rencontrer et de jouer avec eux »
Peu après cette première rencontre, le verdict tombe : Brian Johnson est rappelé. Les frères Young lui exposent alors le concept de Back In Black.
« Malcolm m’a dit : “Ça parle de la mort, mais pas de façon macabre. Il faut que ce soit une célébration rock ’n’ roll.” »
Il n’existe encore aucune parole. Juste un titre, une intention, et bientôt… un riff.
La naissance d’un monument du rock
Lorsque Angus Young commence à jouer, Brian Johnson comprend instantanément qu’il se passe quelque chose d’exceptionnel :
« J’ai entendu le meilleur riff de guitare que j’aie jamais entendu de ma vie »
Sans réfléchir, il ouvre la bouche et crache les premiers mots qui lui viennent :
“Back in Black / I Hit the Sack !”
Pendant les répétitions, ces deux phrases tournent en boucle sur le riff incandescent d’Angus. Et très vite, l’atmosphère change.
« Des gens ont commencé à sortir de derrière les consoles de mixage pour écouter. Des ingénieurs, des producteurs, des inconnus. Tout le monde voulait voir. L’excitation était palpable. »
Ce moment précis, Brian Johnson le décrit comme une évidence :
« Quand on entend quelque chose pour la première fois qui vous donne la chair de poule, on le sait immédiatement. »
Un album historique, une réponse définitive
Enregistré aux Bahamas entre avril et mai 1980, puis mixé aux studios Electric Lady à New York, Back In Black sort le 25 juillet 1980, porté par le single éponyme, classé 37e aux États-Unis. L’album atteint la première place au Royaume-Uni, la quatrième aux États-Unis, et s’écoule à plus de 50 millions d’exemplaires à travers le monde.
Il devient non seulement l’un des albums les plus vendus de l’histoire de la musique, mais aussi l’un des plus puissants hommages jamais rendus à un chanteur disparu.
Alors, qui a écrit Back In Black ?
Les paroles sont bien de Brian Johnson, sans ambiguïté. Mais l’esprit, l’énergie, la rage de vivre et de jouer ?
Elles portent à jamais l’ombre et la mémoire de Bon Scott.
Un disque noir comme le deuil, incandescent comme le rock ’n’ roll.
































