Le 7 avril 2016, Bruce Springsteen faisait un geste aussi fort que symbolique : il annulait un concert prévu à Greensboro, en Caroline du Nord. Un coup d’éclat rare dans l’univers du rock, où l’engagement politique se heurte souvent aux impératifs commerciaux. Mais pour "The Boss", les droits humains ne sont pas négociables.
Une loi controversée
À l’origine de cette décision : la House Bill 2 (HB2), adoptée quelques jours plus tôt. Surnommée la "loi des toilettes", elle imposait aux personnes transgenres d’utiliser les toilettes publiques correspondant au sexe assigné à la naissance, et annulait par la même occasion toutes les protections anti-discriminations mises en place au niveau local pour les personnes LGBTQ+. Une régression brutale dans un État où les droits des minorités sexuelles étaient déjà fragiles.
Une prise de position sans compromis
Springsteen, fidèle à ses convictions progressistes, refuse de cautionner ce qu’il considère comme une atteinte flagrante aux libertés fondamentales. Dans un communiqué publié sur son site officiel, il déclare :
"Certaines choses sont plus importantes qu’un concert de rock. Cette loi est une tentative des gens au pouvoir de faire reculer les progrès pour tous."
L’annulation du concert est une perte financière, mais aussi un message fort : le silence face à l’injustice n’est pas une option. Et de fait, la décision de Springsteen sera saluée par de nombreux artistes, militants et fans à travers le pays.
Un impact réel
Le geste du Boss ouvre la voie à une série de protestations dans le monde du spectacle et du sport. Des artistes comme Ringo Starr, Pearl Jam, Demi Lovato ou encore Nick Jonas annuleront eux aussi leurs dates en Caroline du Nord. L’État fera même l’objet de boycotts économiques par plusieurs entreprises, universités et administrations.
La controverse autour de la HB2 prendra une telle ampleur que le texte sera partiellement abrogé en 2017. Une victoire en demi-teinte, mais qui montre que la culture peut, parfois, faire pression là où la politique faillit.
Rock et résistance
Ce jour du 7 avril 2016 reste l’un des épisodes les plus marquants de l’engagement de Bruce Springsteen pour l’égalité et la justice sociale. À une époque où les figures publiques sont souvent priées de rester neutres, il a montré que la musique peut – et doit – prendre position.
Parce qu’au fond, comme il le chante lui-même :
"Nobody wins unless everybody wins."