Le 28 juillet 1975, Black Sabbath sortait son sixième album studio, Sabotage, dans un contexte tendu, entre embrouilles juridiques et fatigue accumulée. Pourtant, malgré ce climat chaotique, le groupe britannique livrait ce qui reste, pour beaucoup de fans et de critiques, le meilleur album de sa carrière. Cinquante ans plus tard, Sabotage demeure une œuvre brute, audacieuse et résolument avant-gardiste, témoignage de l’intensité créative d’un groupe au sommet de son art.
Un chaos créatif
À l’époque, Black Sabbath est empêtré dans une bataille judiciaire contre son ancien manager. Les membres du groupe enregistrent Sabotage entre deux séances d’avocats, épuisés mais animés par une rage salvatrice. Ce contexte donne au disque une tension unique, palpable dans chaque riff, chaque hurlement et chaque envolée psychédélique. Le titre même de l’album, Sabotage, reflète cette impression de sabotage permanent que ressent le groupe.
Une diversité musicale inattendue
Dès les premières secondes de “Hole in the Sky”, l’auditeur est happé par un riff écrasant signé Tony Iommi, tandis que la voix d’Ozzy Osbourne hurle sa frustration. Mais Sabotage ne se contente pas d’enchaîner les brûlots heavy : il explore aussi des territoires plus progressifs et inattendus. Sur “Symptom of the Universe”, souvent considéré comme l’un des premiers morceaux de thrash metal, le groupe pose les bases d’un futur genre entier. Et que dire de “Megalomania”, longue pièce de presque dix minutes, oscillant entre mélancolie, délire et puissance débridée ?
Une production audacieuse
Produit par Mike Butcher et Black Sabbath eux-mêmes, Sabotage est sans doute le disque le plus ambitieux du groupe sur le plan sonore. Les arrangements vocaux complexes, les effets studio, les changements de rythme imprévus — tout y est plus affûté, plus dramatique, plus risqué. Et c’est justement ce qui fait de Sabotage un album à part dans la discographie de Black Sabbath.
Un impact toujours vivant
Moins accessible que Paranoid ou Master of Reality, Sabotage est longtemps resté dans l’ombre des succès commerciaux du groupe. Pourtant, au fil des décennies, il est devenu un album culte, souvent cité par des groupes comme Metallica, Soundgarden ou encore Opeth comme une influence majeure. Il est le parfait équilibre entre la lourdeur sombre du doom, l’agressivité naissante du thrash et la liberté du rock progressif.
50 ans plus tard
En 2025, Sabotage fête donc son cinquantenaire. Un demi-siècle plus tard, il conserve une puissance intacte. Plus qu’un simple disque, c’est un manifeste artistique dans lequel Black Sabbath s’expose à nu, vulnérable et furieux. En ce sens, il représente non seulement le sommet de leur génie, mais aussi une œuvre intemporelle, à redécouvrir d’urgence.