Le monde du metal a vu passer des tempêtes. Mais ce qui s’est joué en 2004 au Download Festival, c’était un putain de tremblement de terre. Ce jour-là, Joey Jordison, batteur démoniaque de Slipknot, a fait ce que peu auraient osé rêver : sauver Metallica en plein chaos.
Le décor est planté. Le soleil tape, la foule est brûlante, Metallica s’apprête à faire trembler Donington Park… mais y’a un hic. Lars Ulrich n’est pas là. Le batteur du plus grand groupe de metal au monde est hors-jeu. Panique en coulisses.
Andy Copping, le boss du festival, balance la bombe :
« On avait deux options. Annuler Metallica… ou trouver quelqu’un d’assez taré pour les remplacer à la batterie. »
Et là, sorti de l’ombre, un guerrier masqué lève la main. Joey Jordison. Celui qui fait saigner les caisses claires chez Slipknot. Celui qui joue à l’envers sans rater une mesure. Celui que tous les batteurs respectent dans le game.
Avant Slipknot, Joey jouait dans un groupe de reprises de Metallica. Il connaît leurs morceaux comme son propre souffle. Pas besoin de partitions, pas besoin de filets. Il entre dans la cage aux lions. Et il en ressort en légende.
Dans les coulisses, répétition express avec James Hetfield, Kirk Hammett et Robert Trujillo. Quatre monstres. Une seule batterie. Et Joey Jordison au centre de l’arène.
Le show ? Onze titres. De Battery à Enter Sandman, en passant par Master of Puppets, For Whom the Bell Tolls, et une reprise furieuse des Misfits avec Last Caress. Dave Lombardo (Slayer) ouvre le bal sur deux morceaux. Flemming Larsen, le tech de Lars, s’occupe de Fade to Black. Mais c’est Joey qui assure huit putains de titres. Avec le masque. Avec le feu. Avec les tripes.
Andy Copping s’en souvient comme si c’était hier :
« Joey Jordison a sauvé le festival. Le voir jouer avec Metallica avec un masque Slipknot, c’était inoubliable. Merci Joey, tu étais un géant. »
Et putain, ouais. Un géant.
Mais ce feu, aussi intense soit-il, s’est éteint trop tôt. Joey Jordison nous a quittés le 26 juillet 2021, à seulement 46 ans, après une longue bataille contre une maladie neurologique qui l’avait déjà forcé à quitter Slipknot en 2013. Le choc a été mondial. Le metal a perdu l’un de ses plus grands virtuoses. Pas seulement un cogneur. Un créateur, un showman, un frère d’armes pour tous ceux qui vivent pour le son.
Aujourd’hui encore, quand les baguettes claquent, que les amplis grondent, on pense à lui.
Joey Jordison, c’était la déflagration. La furie. L’âme d’un genre qui refuse de mourir.
Et sur cette scène du Download, face à des milliers de fans, il a prouvé qu’il n’avait jamais eu peur de rien.