Korn : Jonathan Davis revient sur les débuts du groupe, "Nous détestions être qualifiés de groupe de Nü-metal"

Korn : Jonathan Davis revient sur les débuts du groupe, "Nous détestions être qualifiés de groupe de Nü-metal"

Et pourtant Korn est un des pionniers du style qui a connu le succès sur la fin des années 90.

Dans l’histoire du rock, les étiquettes de genre musical ont toujours fait débat. Si elles peuvent aider à situer un son ou une scène, elles finissent souvent par réduire des artistes à des clichés. C’est une problématique que Jonathan Davis, chanteur de Korn, connaît bien. Dans une récente interview avec Metal Hammer, il est revenu sur les débuts de son groupe et la manière dont le terme Nü-metal est devenu un fardeau : « Aujourd'hui, le terme Nü Metal ne me dérange pas, mais à l'époque, nous le détestions évidemment. »

Les noms de genre ne naissent que rarement dans les salles de répétition. Ils émergent plutôt des critiques musicaux, des magazines ou de figures influentes de la scène. Le mot « punk » est apparu pour la première fois dans les pages de Creem en 1971, sous la plume de Dave Marsh, pour décrire la rudesse du garage rock. Puis Lester Bangs ou encore Lenny Kaye – futur guitariste de Patti Smith – ont perpétué ce label, notamment avec la légendaire compilation Nuggets sortie en 1972.

Mais c’est ensuite l’industrie musicale qui récupère ces termes. Dans les années 90, le « grunge » est ainsi vidé de sa substance par les majors, au point que Eddie Vedder écrira Corduroy pour dénoncer cette récupération commerciale, après avoir vu une veste identique à la sienne vendue à prix d’or dans un magazine de mode.

Le même processus s’est appliqué au Nü-metal, ce mélange de rap et de heavy metal qui a dominé les charts américains entre la fin des années 90 et le début des années 2000. Tout a commencé avec Korn, dont le premier EP Neidermayer’s Mind (1993) a été distribué gratuitement au public lors de leurs premiers concerts. Puis vient leur premier album éponyme en 1994, véritable bombe sonore, et enfin la consécration en 1998 avec Follow the Leader, qui grimpe en tête des classements.

Derrière eux, une armée de groupes : Limp Bizkit, Slipknot, Papa Roach, Staind, Deftones, P.O.D.... jusqu’à l’explosion planétaire de Linkin Park avec Hybrid Theory en 2000, écoulé à plus de 27 millions d’exemplaires.

Mais pour Jonathan Davis, cette étiquette de Nü-metal n’était qu’un poids inutile : « Ils ont donné le nom de mon groupe à tout un genre musical ? Pas mal », ironise-t-il. « Mais à l’époque, on le vivait mal. »

Il se souvient du moment où tout a basculé : après le succès de Follow the Leader, Issues atteint aussi la première place des ventes. Pendant l’enregistrement de Untouchables, le groupe est au sommet, mais tiraillé. « On était fous. On se disait : quoi ? Pas de métal ? Qu’ils aillent tous se faire foutre. On va faire un putain d’album de malade et enterrer cette étiquette ridicule. »

Pour Davis, les genres sont une prison : « Personne ne rêve d'appeler Metallica ‘un groupe de thrash metal’. C’est du putain de Metallica ! » Tout est dit. Korn, comme tant d’autres, n’a jamais cherché à incarner un style. Ils ont simplement changé la donne.