Le 3 mai 1976, Aerosmith publie un album explosif et sans concession : Rocks. Brut, intense, habité, ce quatrième opus du groupe américain ne marque pas seulement une étape majeure de leur discographie : il devient une pierre angulaire du hard rock et un véritable tremblement de terre musical pour toute une génération.
Un sommet de puissance et de rage rock
Enregistré dans une atmosphère tendue entre les studios Record Plant de New York et le Wherehouse, leur propre studio de répétition, Rocks reflète l’état d’esprit de la bande à Steven Tyler et Joe Perry à cette époque : au sommet de leur créativité, mais déjà rongés par les excès. Le résultat ? Un disque plus rugueux, plus nerveux, taillé pour la scène et l’adrénaline.
Dès les premières secondes de "Back in the Saddle", le ton est donné : cris de cow-boy halluciné, basse martiale, riff galvanisant... Aerosmith frappe fort. Les morceaux comme "Rats in the Cellar", "Combination", ou l’impressionnant "Nobody’s Fault" déchaînent une énergie quasi punk, quand "Last Child" apporte une touche funky et groovy plus dansante, avec un solo signé Brad Whitford. Petite anecdote sur "Get the Lead Out" : pour les chœurs du refrain, Steven Tyler a fait appel à une chanteuse du Metropolitan Opera, preuve de l’ambition artistique du projet.
Un impact colossal sur le rock et les musiciens
Classé 3e au Billboard 200 à sa sortie, Rocks s’impose rapidement comme un classique. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs albums du groupe, et un pilier du genre. Le magazine Rolling Stone l’a même inscrit à la 176e place de sa célèbre liste des 500 plus grands albums de tous les temps.
Mais l’impact de Rocks dépasse les classements. Il a littéralement donné envie à Slash (Guns N’ Roses) de devenir guitariste. Le futur icône du hard rock ne s’en est jamais caché : ce disque a changé sa vie. Il figure aussi parmi les albums préférés de Kurt Cobain, leader de Nirvana, qui l’a mentionné dans ses carnets personnels.
Rocks est aussi mis à l’honneur dans plusieurs ouvrages de référence, comme "Les 101 albums qu’il faut avoir écoutés dans sa vie", ou encore dans la Discothèque Idéale de Philippe Manœuvre.
Un héritage jusque dans les jeux vidéo
Plusieurs titres de l’album ont traversé les décennies et conquis les nouvelles générations via les jeux vidéo. "Last Child" est jouable dans Guitar Hero II, tandis que "Back in the Saddle", "Rats in the Cellar", "Combination" et "Nobody’s Fault" figurent dans le jeu Guitar Hero: Aerosmith, rendant hommage à leur statut culte.
Une pochette aussi culte que l’album
La pochette du vinyle original de 1976 est elle aussi un objet de collection. Le premier pressage se distingue par un relief granuleux, avec la photo des diamants légèrement creusée dans le carton. Un détail tactile disparu dans les éditions ultérieures, mais qui reste un précieux souvenir pour les collectionneurs.
Avec Rocks, Aerosmith a livré un manifeste de rage et de virtuosité qui a profondément marqué l’histoire du rock. À la fois énergie brute, innovation sonore, et source d’inspiration majeure, cet album reste un monument. Et comme le disait si bien Slash, sans Rocks, il n’aurait peut-être jamais pris une guitare en main.