30 avril 1973, Paul McCartney & Wings sortent "Red Rose Speedway", un album de confirmation du post-Beatles

30 avril 1973, Paul McCartney & Wings sortent "Red Rose Speedway", un album de confirmation du post-Beatles

un album qui marque une étape décisive dans la reconstruction artistique de McCartney

Le 30 avril 1973, Paul McCartney & Wings dévoilent Red Rose Speedway, un album qui marque une étape décisive dans la reconstruction artistique de McCartney après la séparation des Beatles. Ce second opus des Wings est à la fois une quête de légitimité et une démonstration d’un style pop-rock assumé, doux et accessible, loin de la rivalité frontale avec Lennon ou Harrison.

Une ambition contrariée

À l’origine, McCartney souhaitait faire de Red Rose Speedway un double album. Il avait accumulé une grande quantité de matériel, mêlant ballades romantiques, morceaux rock plus bruts et expérimentations psychédéliques. Mais sous la pression d’EMI, soucieux de garder une orientation plus commerciale, l’album est réduit à un simple LP. Ce choix imposé laisse en coulisses plusieurs titres marquants comme "The Mess" ou "1882", révélés bien plus tard dans la réédition de 2018.

Un succès public, des critiques mitigées

Porté par le tube "My Love", une ballade orchestrale dédiée à Linda McCartney, l’album grimpe rapidement à la 1ʳᵉ place des charts américains. Le morceau séduit par sa douceur et le lyrisme de son arrangement, sublimé par un solo de guitare mémorable. Pourtant, les critiques rock de l’époque, encore très attachées à l’aura des Beatles, reprochent à l’album un excès de légèreté et une production trop "propre", voire aseptisée.

Des anecdotes de studio révélatrices

C’est justement ce solo de "My Love", signé Henry McCullough, qui donne lieu à l’un des moments les plus mémorables des sessions. Alors que McCartney avait écrit une partie précise, McCullough ose lui demander s’il peut improviser. Paul accepte, un peu à contrecœur. Et dès la première prise, le guitariste livre un solo d’une émotion rare – celui qui est resté sur le disque. McCartney reconnaîtra plus tard que ce lâcher-prise avait été salutaire.

Autre élément marquant : la participation de Linda McCartney. Non musicienne de formation, elle apprend encore les bases du clavier et du chant. Paul simplifie ses parties pour qu’elle puisse les exécuter, ce qui ralentit parfois les sessions et crée des tensions avec certains ingénieurs du son. Mais pour McCartney, la présence de Linda n’est pas négociable : elle est au cœur de sa vie et du projet Wings.

Un mini-Abbey Road caché

L’album se clôt sur un medley composé de quatre morceaux ("Hold Me Tight/Lazy Dynamite/Hands of Love/Power Cut"), assemblés à la manière de la fameuse suite d’Abbey Road. Ce clin d’œil au passé des Beatles montre que McCartney ne renie pas son héritage : il le réinvente avec un esprit plus tendre, plus personnel.

Un titre évocateur… mais sans chanson éponyme

Le nom Red Rose Speedway n’est associé à aucun morceau de l’album. Il s’agit d’une idée purement visuelle et sonore, conçue pour évoquer le contraste entre la douceur d’une rose rouge et la vitesse d’un circuit automobile. Une métaphore du mélange entre romantisme et énergie, visible jusque sur la pochette, où l’on voit McCartney avec une rose dans la bouche, les yeux écarquillés.

Une redécouverte tardive

En 2018, l’album est réédité dans la Paul McCartney Archive Collection, avec une version restaurée de son projet initial en double album. Les fans découvrent enfin toute la richesse des sessions, avec des titres live, des expérimentations psychédéliques comme "Loup (1st Indian on the Moon)" et des maquettes inédites.

Red Rose Speedway reste aujourd’hui un disque-clé dans la trajectoire de Paul McCartney. Un album de transition, qui amorce la montée en puissance des Wings avant le triomphe de Band on the Run. Et surtout, une œuvre où l’artiste commence à se libérer du poids des Beatles pour inventer son propre univers post-Beatles.