Lars Ulrich, batteur et cofondateur de Metallica, n’a jamais caché sa rigueur ni son exigence. Dans une récente interview, il a avoué un fait surprenant pour les fans : il n’écoute presque jamais les albums de son propre groupe. La raison ? Une obsession du détail qui empêche tout lâcher-prise :
« Il m'est pratiquement impossible d'écouter une chanson de Metallica sans réfléchir à tous les détails : la voix est-elle trop forte, le mixage est-il déséquilibré, comment sonne la guitare ? Si j'écoute un album de Rage Against the Machine, je me perds dans le plaisir de la musique, mais avec Metallica, ce n'est pas le cas, même si je suis sûr d'une chose : nous avons toujours fait de notre mieux, à chaque instant de notre carrière. »
Une déclaration qui en dit long sur la quête de perfection qui habite Metallica depuis ses débuts. Le groupe s’est construit une réputation sur une recherche sonore précise, presque maniaque, pour créer une expérience live d’une intensité rare. Les setlists de concerts de Metallica parlent d’elles-mêmes : les titres joués reflètent ce que le groupe estime être le cœur de son identité musicale. On y retrouve les incontournables de l’ère thrash metal – Kill ’Em All, Ride the Lightning, Master of Puppets, …And Justice for All – ainsi que les hymnes mondiaux comme Enter Sandman ou Nothing Else Matters, issus du légendaire Black Album (1991), vendu à plus de 30 millions d'exemplaires.
Mais une chanson, pourtant issue d’un album phare, fait tache dans ce parcours quasi sans faute. Il s’agit de Eye of the Beholder, tirée de l’album …And Justice for All (1988), que Lars Ulrich a tout simplement qualifiée d’« embarrassante » :
« Je ne veux pas être irrespectueux, mais à chaque fois que je l'écoute, elle semble forcée, elle a deux tempos différents qui ne s'accordent pas bien : un 4/4 dans l'intro, puis une sorte de valse. C'est comme si on essayait de faire rentrer un carré dans un cercle. »
Un jugement sévère, mais révélateur. Malgré ses neuf pistes, toutes jouées en live au moins une fois, Eye of the Beholder a rapidement disparu des tournées du groupe. Elle fut jouée pour la dernière fois en intégralité lors de la tournée Damaged Justice, entre 1988 et 1989, avec des dates en Italie (Padoue et Milan les 13 et 14 septembre 1988) et une clôture en Brésil (São Paulo, 6 et 7 octobre 1989). Depuis ? Silence radio.
« Nous ne sommes pas de grands fans de cette pièce », conclut Ulrich.
Un aveu rare dans l’industrie musicale, mais qui prouve encore une fois que chez Metallica, la transparence et la passion priment sur le culte de la perfection absolue.