System of a Down : Quand une bagarre éclate en plein studio lors de l'enregistrement de "Toxicity"

System of a Down : Quand une bagarre éclate en plein studio lors de l'enregistrement de "Toxicity"

Une embrouille qui aurait pu sceller la fin du groupe !

En 2001, System of a Down entre aux studios Cello de Los Angeles pour enregistrer son deuxième album, Toxicity, sous la houlette du légendaire producteur Rick Rubin. Ce dernier venait de les signer sur son label American Recording après les avoir découverts en live au Viper Room d’Hollywood.
« On avait l'impression qu'on allait conquérir le monde », se souvient le guitariste Daron Malakian, qui a fondé le groupe en 1994 avec deux camarades de l’école arménienne de Los Angeles : le chanteur Serj Tankian et le bassiste Shavo Odijan.

Leur premier album, System of a Down, sorti en 1998, a permis au groupe de se lancer sur les routes américaines en assurant les premières parties de Slayer et Metallica. Leur son était alors perçu comme une véritable déflagration : un mélange de fureur et de mélodie, de virtuosité instrumentale, de changements de tempo frénétiques et d’un style lyrique unique. Rick Rubin lui-même décrira plus tard leur musique comme « difficile à chanter et à écouter, mais avec une formidable dimension épique ».

Un succès explosif et une émeute inattendue

Lorsque Toxicity sort le 4 septembre 2001, il grimpe immédiatement à la première place des charts américains, porté par des singles devenus cultes : « Chop Suey! » et « Toxicity ». Rick Rubin l’admet :

« En théorie, personne ne s'intéressait à un groupe de heavy metal arménien, mais ils étaient si bons qu'ils ont brisé toutes les barrières. »

La même journée, le groupe organise un concert gratuit sur un parking d’Hollywood. Ils s’attendaient à 3 000 personnes, mais ce sont près de 15 000 fans qui se sont présentés. Face à l’ampleur, la police annule le show, déclenchant une émeute de six heures, marquant à jamais l’histoire du groupe.

Quand la passion dégénère en bagarre

Cette intensité se retrouvait aussi dans le studio d’enregistrement, où les quatre musiciens se poussaient jusqu’à l’extrême. Dans une interview à Metal Hammer pour les 20 ans de Toxicity, Daron Malakian a révélé un épisode marquant : une véritable bagarre avec le batteur John Dolmayan, si violente que les deux ont fini aux urgences.

« Serj et Shavo étaient désespérés, ils pensaient que le groupe était fini pour toujours », raconte-t-il. Mais à l’hôpital, Daron et John se sont retrouvés assis côte à côte, en train de rire. « On s’est dit : c’est le plus beau moment de l’histoire du groupe. »

Les tensions ne se limitaient pas à la musique. Le groupe pouvait passer des heures à se disputer sur un seul mot. Rick Rubin se souvient notamment des débats enflammés autour des paroles de « Needles » :

« J’ai souvent pensé qu’ils allaient se séparer à cause d’un seul mot. C’est extrême, mais cela en dit long sur leur passion. »

Finalement, comme l’explique Serj Tankian, il a suffi d’un compromis pour tout arranger.

Un chaos créatif devenu légende

À travers ces sessions chaotiques, une vérité s’impose : la folie, les conflits et les rires de System of a Down sont devenus le carburant de leur créativité.

« Quiconque nous a vus lors de ces sessions aux Cello Studios aurait pensé : “Ces gens sont complètement fous.” », admet Serj Tankian.

Et pourtant, de ce chaos est né un album qui a marqué à jamais l’histoire du metal et qui, plus de vingt ans après, continue de résonner comme une œuvre visionnaire et indomptable.