13 mai 1985. Dire Straits largue Brothers in Arms sur une planète rock qui vacille entre les riffs héroïques de Van Halen et les nappes synthétiques de Depeche Mode. Résultat : un disque aux allures de monolithe, à la croisée des chemins entre le blues classieux, le rock radiophonique et les balades vénéneuses. Quarante ans plus tard, l’album trône toujours au sommet, fort de plus de 31 millions de copies vendues. Du jamais vu pour un groupe dont le leader joue assis en concert.
31 millions de raisons d’y revenir
Mark Knopfler a beau n’avoir ni la voix d’un crooner, ni le charisme d’un frontman classique, c’est bien lui qui mène la barque. Et Brothers in Arms, avec sa prod léchée et son son aussi net qu’une Rolex dans un clip MTV, marque une rupture. C’est le premier album à être enregistré et mixé en numérique, un pionnier qui surfe sur la vague du CD, alors balbutiant. Résultat ? Une machine de guerre commerciale :
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10 millions vendus aux États-Unis,
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4,8 millions au Royaume-Uni,
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2 millions en France,
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2 millions au Canada,
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2 millions en Allemagne,
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1,3 million en Australie,
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1 million au Brésil.
Le monde entier s'incline.
"Money for Nothing" : le coup de poignard dans la télé
C’est LE morceau qui a fait exploser le groupe. "Money for Nothing", c’est l’ironie mordante d’un vendeur d’électroménager qui crache sur les rockstars… en devenant lui-même un hymne de rockstars. Ironique ? Complètement.
Le riff ? Mythique, tranchant comme un rasoir Gillette, boosté par une Gibson Les Paul jouée comme une Strat (merci la compression). Le refrain ? Chanté par Sting, rien que ça, avec ce slogan devenu culte : "I want my MTV".
Ajoutez à ça un clip en 3D révolutionnaire à l’époque (1985, on rappelle), et vous obtenez un carton mondial. Grammy, MTV, rotation non-stop à la télé, et un Mark Knopfler qui devient malgré lui l’une des figures de la décennie.
L’album de la consécration
Mais Brothers in Arms, ce n’est pas juste un single. C’est aussi "So Far Away", "Your Latest Trick" et ses cuivres langoureux, "Walk of Life" en mode country-pop des stades, ou encore la chanson-titre, ballade anti-guerre aussi majestueuse que glaçante. Le tout baigné dans cette classe british un peu détachée, presque fatiguée, qui fait toute la singularité de Dire Straits.
En 2003, Rolling Stone classe l’album 351e des 500 plus grands albums de tous les temps (et 352e en 2012, pas sûr que ça change grand-chose). Il figure aussi dans la bible 1001 albums qu’il faut avoir écoutés dans sa vie. Une évidence.
Une épitaphe en or massif
Après Brothers in Arms, plus rien ne sera pareil pour Dire Straits. Le groupe sortira bien un dernier album (On Every Street en 1991), mais le cœur n’y est plus. La légende s’est jouée en 1985. Et elle continue de tourner, encore aujourd’hui, sur vinyle, en streaming, ou dans les amplis des nostalgiques.
Quarante ans plus tard, Brothers in Arms n’a pas pris une ride. Il continue d’électriser les stades, de faire pleurer les guitares et de rappeler à tout le monde qu’un bon riff et une vraie plume peuvent suffire à écrire l’histoire.