Red Hot Chili Peppers : L'histoire sombre derrière le premier départ de John Frusciante

Red Hot Chili Peppers : L'histoire sombre derrière le premier départ de John Frusciante

Le guitariste avait jeté l'éponge le 7 mai 1992.

Tout commence le 22 février 1992, les Red Hot Chili Peppers étaient invités sur le plateau de Saturday Night Live pour interpréter leur tube Under The Bridge. Mais cette performance, censée consolider le statut du groupe en pleine ascension, fut marquée par un événement inattendu : John Frusciante, leur génial guitariste, sabota littéralement la prestation.

Jouant de la guitare complètement hors du rythme et mal interprétant les chœurs, Frusciante laissa perplexe le public et ses propres camarades. Derrière ce moment chaotique se cachait une profonde détresse que le groupe n’avait pas su voir. Deux mois plus tard, le 7 mai 1992, après un concert au club Omiya Sonic City à Saitama, au Japon, John Frusciante décide brutalement de quitter le groupe. Dans sa chambre d’hôtel à Tokyo, à la veille du lancement de leur tournée japonaise, le jeune musicien ne supporte plus la pression : il claque la porte.

Ses amis le supplient de rester, et il accepte un dernier concert, mais dès le lendemain, il rentre seul à Los Angeles. Anthony Kiedis vit ce départ comme une trahison et ne lui adressera plus la parole pendant cinq longues années. La vérité, c’est que personne au sein du groupe n’avait vraiment saisi ce que vivait Frusciante : en rejoignant les RHCP, il était déjà en proie à une dépression profonde, étouffée par la frénésie du succès.

Seul Flea, le bassiste au cœur immense, semblait capable de percevoir les tourments intérieurs de John. Même après son départ, il continuait à lui rendre visite, souvent pour le trouver affalé sur un canapé, désabusé, comme si le monde n’avait plus aucun intérêt. Peu à peu, Frusciante s’est immergé dans la peinture, mais aussi dans l’enfer de la drogue. Flea a tenté de le soutenir, connaissant lui-même l’emprise de la toxicomanie, mais face à un John de plus en plus englouti, il finit par espacer ses visites.

« Deux personnes ne peuvent pas avoir de véritable relation si l’une d’elles est toxicomane », confiera Frusciante plus tard. « Parfois, on se défonçait ensemble, mais alors que pour Flea c’était une diversion, pour moi c’était une routine. »

En 1993, le trio Frusciante, Flea et Kiedis perd un ami cher : River Phoenix, acteur et musicien, meurt d’une overdose après une soirée au Viper Club. Ce drame, pourtant marquant, n’ébranle pas Frusciante, qui poursuit sa descente aux enfers. À la fin de l’année 1996, il est au bord de la mort. Hospitalisé, il reçoit une transfusion sanguine pour survivre, mais continue de se droguer, accumulant 30 000 dollars de dettes auprès de ses dealers, au point de devoir emprunter à ses proches pour ne pas être tué.

Physiquement, Frusciante devient méconnaissable. Ses dents pourries, son teint blafard, son corps amaigri témoignent de son autodestruction. En 1997, il atteint le fond du gouffre : crack, héroïne, cocaïne, alcool, Valium... Il consomme tout, chaque jour, sans relâche. « J’ai failli me suicider », avouera-t-il plus tard.

Mais 1998 marque un tournant décisif : Frusciante décide de se désintoxiquer. Il entre en centre de réhabilitation. Flea est le premier à lui rendre visite. Il lui explique que les Red Hot Chili Peppers sont dans une impasse depuis l’album One Hot Minute enregistré avec Dave Navarro. Flea propose alors à ses compères de redonner une chance à John.

Les retrouvailles ont lieu dans le garage du bassiste : « L’alchimie qui s’est créée était incroyable », racontera Anthony Kiedis. Mais le retour de Frusciante ne se fait pas sans peine : il doit retrouver la forme, et réparer ses dents avec ses propres fonds avant de pouvoir réapparaître en public.

Le 12 juin 1998, John Frusciante réintègre officiellement le groupe. Dès lors, une nouvelle ère de créativité s’ouvre pour les RHCP, qui durera dix ans. En 2009, il quitte une seconde fois le groupe, laissant la place à Josh Klinghoffer. Bien que cette période ne soit pas un naufrage total, beaucoup s’accordent à dire que le groupe n’a jamais autant brillé qu’avec John.

Car avec lui, les Red Hot Chili Peppers atteignent une vitesse supérieure, portée par une sensibilité unique, nourrie autant par le génie artistique que par les ombres du passé.