Le rock a toujours eu une image de musique "rebelle", capable de faire passer les idées les plus engagées à travers des riffs de guitare énergiques, que ce soit pour prendre position sur des conflits armés ou donner son avis sur le gouvernement actuel. Alors à l'occasion des élections américaines, Virgin Radio revient sur des grands titres rock politisés, ceux dont leur interprète avait clairement un message à faire passer à leur dirigeant.
Bruce Springsteen - Born in the U.S.A
Avec un titre pareil, on pourrait se demander ce que le titre emblématique de Bruce Springsteen fait dans cette liste, et pourtant, "Born In the U.S.A" fait partie de ces chansons mal interprétées par le public. Sortie en 1984, cette chanson est très souvent considérée comme un hymne patriotique : entre le titre très évocateur, le refrain percutant et la rythmique énergique, on comprend très facilement pourquoi. Mais derrière cette fougue, se cache surtout une vraie colère sourde : les paroles, sombres et accusatrices, critiquent la façon dont les vétérans américains et les travailleurs sont traités par le gouvernement et la société américaine.
Dans la chanson, Springsteen raconte l'histoire d'un monsieur tout le monde, à qui l'on met un fusil dans les mains et que l'on envoie combattre au Vietnam. Malheureusement à son retour, il se retrouve abandonné, sans soutien ni perspective d'avenir. Dans son titre, Springsteen met en lumière toutes les inégalités, mais surtout la négligence dont peut faire preuve le gouvernement face à tous ceux qui ont servi leur pays.
Mais le plus ironique dans tout ça, c'est que le titre de Springsteen a été utilisé à des fins politiques, notamment par des politiciens comme Ronald Reagan, qui n'avaient pas tout à fait compris le vrai message. Bruce Springsteen a dû faire une mise au point, confirmant son engagement contre les injustices sociales. Aujourd'hui encore, Bruce Spingsteen n'hésite pas à prendre parti, notamment contre le candidat Donald Trump, qu'il considère comme quelqu'un de "dangereux".
U2 – Sunday Bloody Sunday
Si on connaît U2 pour des balades romantiques comme "One" ou des titres plus pop à l'image de "Beautiful Day", le groupe irlandais a lui aussi pris position avec une chanson très politisée, "Sunday Bloody Sunday". Ce morceau très engagé est inspiré par un tragique événement qui s'est déroulé en Irlande du Nord, le 30 janvier 1972, le Bloody Sunday. Ce jour-là, plusieurs manifestants pacifiques pour les droits civiques sont violemment pris à parti par les soldats de l'armée britannique, causant plusieurs morts. Un événement qui a non seulement causé des pertes humaines, mais qui a surtout marqué les tensions entre les communautés catholiques et protestantes en Irlande du Nord.
Si le groupe n'a jamais cherché à inciter à la violence ou à un esprit de revanche, le morceau décrit une réalité violente et bien triste des violences sectaires, autant dans ses paroles que dans la mélodie. Entre le rythme presque saccadé des percussions de Larry Mullen Jr, des riffs de guitare de the Edge, et la voix de Bono, la chanson fait remonter tout un tas de frustrations d'une génération confrontée aux conflits interminables. Une œuvre qui est, encore aujourd'hui, un hymne anti-guerre universel, et la preuve de l'engagement de U2.
Sex Pistols - God Save the Queen
Difficile de faire plus provocateur que le titre "God Save the Queen" des Sex Pistols, sorti en 1977 lors d'un événement hautement symbolique : le jubilé d'argent de la reine Élisabeth II, autrement dit le 25ème anniversaire de l'accession au trône de la reine. Et clairement, le chanteur du groupe Johnny Rotten n'y va pas de main morte dans sa critique de la monarchie britannique, n'hésitant pas à utiliser des termes très forts sur la reine, qu'il considère comme quelqu'un qui n'est "pas un être humain", dénonçant un régime fasciste, qui opprime la classe ouvrière.
D'autant plus que le titre de la chanson fait directement écho à l'hymne national britannique, ce qui a été considéré à l'époque comme un véritable affront, et une attaque directe contre la famille royale. A l'époque, le morceau est diffusé dans une période compliquée pour l'Angleterre, qui subit un épisode de chômage et une crise sociale de grande ampleur. Très vite, God Save the Queen devient un hymne pour la jeunesse désabusée. Si les stations de radio et les magasins refusaient de la diffuser, la chanson a tout de même réussi l'exploit de se hisser en tête des classements malgré la censure.
Green Day - Americain Idiot
Sorti il y a plus de 20 ans en 2004, "American Idiot" est sans doute l'un des titres les plus iconiques de Green Day, mais aussi le plus politique. Un morceau qui critique ouvertement la société américaine, sous l'administration du président George W Bush. Et on peut le comprendre : quand Green Day écrit American Idiot, le contexte est singulier, puisque la guerre en Irak fait rage, et on assiste à une montée en puissance du patriotisme aux États-Unis. En écoutant attentivement les paroles, on comprend que la chanson exprime une colère sourde de la jeunesse, qui se sent incomprise face à la politique et aux médias. Une critique acerbe de "l'idiot américain", conditionné par la peur et la propagande.
American Idiot devient rapidement un cri de ralliement pour ceux qui s’opposent à la guerre et au conservatisme de l’époque, incarnant une critique audacieuse du système politique. Le succès de American Idiot confirme Green Day comme un groupe engagé et marque leur retour sur la scène avec une voix résolument politisée et contestataire.