16 mai 1966 : Bob Dylan sort Blonde on Blonde, le premier double album de l’histoire du rock

16 mai 1966 : Bob Dylan sort Blonde on Blonde, le premier double album de l’histoire du rock

Un disque visionnaire, poétique et novateur, qui révolutionne à la fois la forme et le fond de la musique populaire.

Le 16 mai 1966, Bob Dylan marque un tournant dans l’histoire de la musique avec la sortie de Blonde on Blonde, considéré comme le premier double album studio de l’histoire du rock. Un disque visionnaire, poétique et novateur, qui révolutionne à la fois la forme et le fond de la musique populaire.

Un contexte bouillonnant

À cette époque, Dylan sort tout juste de deux albums majeurs : Bringing It All Back Home et Highway 61 Revisited. Il a déjà amorcé sa mue en passant de la folk acoustique au rock électrique. Blonde on Blonde vient clore cette trilogie légendaire en poussant encore plus loin l'expérimentation musicale et l'écriture libre.

L’album est en partie enregistré à Nashville, loin du bouillonnement folk new-yorkais, avec des musiciens de studio chevronnés, dont Robbie Robertson, futur membre de The Band. Ce décalage géographique donne naissance à une atmosphère sonore inédite, entre blues, rock, folk et country.

Une œuvre monumentale

Avec près de 72 minutes de musique réparties sur quatre faces vinyle, Blonde on Blonde brise les codes de l’époque, où les albums dépassaient rarement les 40 minutes. Dylan impose un nouveau format : celui de l’album conceptuel, pensé comme une œuvre complète plutôt qu’une simple collection de morceaux.

Mais c’est surtout la puissance des paroles qui frappe. Dylan déploie une écriture à la fois surréaliste, mystique et sarcastique, truffée d’images troubles, d’ironie mordante et de références insaisissables. Il qualifie lui-même le son de l’album comme “thin, wild mercury sound” : un mélange aérien, électrique, presque onirique.

Des morceaux emblématiques

Parmi les titres marquants :

  • "Visions of Johanna", chef-d'œuvre poétique à l’atmosphère nocturne

  • "Just Like a Woman", ballade amère au charme trompeur

  • "I Want You", pop enjouée au texte déconcertant

  • "Stuck Inside of Mobile with the Memphis Blues Again", tourbillon verbal rock

  • Et surtout "Sad Eyed Lady of the Lowlands", longue élégie de 11 minutes occupant toute la dernière face du disque

Une réception critique dithyrambique

À sa sortie, Blonde on Blonde est salué comme une œuvre majeure. Il est aujourd’hui régulièrement cité parmi les meilleurs albums de tous les temps par des publications comme Rolling Stone, Pitchfork ou la BBC. Il marque aussi un jalon : désormais, un album de rock peut être littéraire, ambitieux, artistique — et non plus seulement une série de tubes radiophoniques.

Une influence gigantesque

L’impact de l’album est immense. Il inspire les Beatles, qui sortent l’année suivante leur propre album-concept (Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band), mais aussi les Rolling Stones, Neil Young, Leonard Cohen, Bruce Springsteen et une génération entière d’auteurs-compositeurs.

Le 16 mai 1966, avec Blonde on Blonde, Bob Dylan ne se contente pas de repousser les limites du rock : il redéfinit ce que peut être un album, alliant forme innovante et contenu d’une richesse inépuisable. Une révolution silencieuse — mais inoubliable.