Dans une interview historique accordée il y a quelques années, Brian May, le légendaire guitariste de Queen, est revenu sur l’une des rencontres les plus mémorables de sa carrière : celle avec Eddie Van Halen. Une amitié sincère et passionnée pour la musique les a liés à jamais — et leur première virée ensemble reste inoubliable… surtout parce qu’elle s’est terminée par un black-out alcoolisé.
Tout commence dans les coulisses d’un concert à Munich. Ce soir-là, Queen et Van Halen jouent en tant qu’invités spéciaux de Black Sabbath. On est au début des années 80, et Brian May comme Eddie Van Halen brillent déjà parmi les guitaristes les plus talentueux et reconnaissables au monde. Tous deux sont des inventeurs de leur son : May manie sa mythique Red Special, guitare artisanale conçue avec son père ; Eddie, lui, s’éclate avec sa Frankenstrat, un hybride unique entre Gibson et Fender.
Une passion commune pour le son, la technique, les expérimentations… Leur rencontre était inévitable.
Le point culminant de cette connexion a lieu les 21 et 22 avril 1983, quand Brian May et Eddie Van Halen entrent ensemble aux Record Plant Studios de Los Angeles. Entourés d’amis musiciens — Alan Gratzer (REO Speedwagon) à la batterie, Phil Chen (qui a joué avec Rod Stewart et Jeff Beck) à la basse, et Fred Mandel aux claviers — ils lancent une jam session pleine de fun, qui se transforme malgré elle en un projet historique : le premier album solo de Brian May.
Les deux guitaristes vont même jusqu’à échanger leurs guitares : « Il me ressemblait et je lui ressemblais », raconte May. Cette session donne naissance à un disque d’improvisation pure, 28 minutes seulement, trois titres :
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Star Fleet, une vieille chanson de May jamais jouée par Queen,
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Let Me Out,
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et Blues Breaker, un blues de 13 minutes dédié à leur idole Eric Clapton.
« Eddie et moi avions atteint le sommet avec nos groupes et nous voulions faire quelque chose de détendu, plein d'adrénaline. Jouer ensemble nous rendait heureux », se souvient May.
Mais l’un des moments les plus marquants de leur relation n’est pas musical. Il est… alcoolisé. Brian May se rappelle en riant de leur première cuite légendaire : « Un jour, Edward est venu voir Queen en concert, et après, nous sommes allés à l'hôtel ensemble. Il avait apporté une bouteille de sa boisson préférée, le whisky Southern Comfort. On a tout bu, et puis je ne me souviens plus de rien », raconte-t-il.
Il poursuit : « Je me suis retrouvé allongé sur le sol de la salle de bain, la tête sur le lavabo. C'était l'une des rares fois de ma vie où j'ai perdu le contrôle. »
Cette soirée marque le début d’une amitié indéfectible. « Je ne l'ai jamais appelé Eddie, car il n'aimait pas ça. Il me demandait : “Pourquoi Eddie ? Je m'appelle Edward.” » Une anecdote touchante qui montre combien leur lien dépassait la simple admiration musicale.
Aujourd’hui encore, cette jam entre légendes reste gravée comme un moment suspendu, une bulle de liberté entre deux géants de la guitare, où l’improvisation, le respect et… le whisky étaient rois.