The Clash : Le jour où le groupe a expulsé Mick Jones quand il était au sommet de sa carrière !

The Clash : Le jour où le groupe a expulsé Mick Jones quand il était au sommet de sa carrière !

Lé début de la fin du groupe...

En 1983, The Clash est au zénith. Avec "Combat Rock", le groupe britannique atteint enfin la consécration mondiale. Propulsé par les tubes "Rock The Casbah" et "Should I Stay or Should I Go", l’album grimpe dans le Top 10 américain. Le 28 mai, le groupe est tête d’affiche du "New Wave Day" lors du gigantesque festival américain de San Bernardino, en Californie, aux côtés d’Oingo Boingo, INXS et Men at Work. Les autres têtes d’affiche du festival, organisé sur trois jours (heavy metal, rock, country), s’appellent Van Halen, David Bowie et Willie Nelson. C’est le sommet… mais aussi le début de la fin.

Ce concert américain restera dans l’histoire comme le dernier de Mick Jones avec The Clash. Car au plus haut de leur gloire, les tensions internes minent la structure du groupe. Quelques mois plus tôt, The Clash avait dû se séparer du batteur Topper Headon, victime de sa dépendance à l’héroïne. Un crève-cœur : c’est lui qui avait composé et joué la quasi-totalité de "Rock the Casbah". Pour le remplacer, le groupe rappelle Terry Chimes, batteur originel, mais l’équilibre est rompu. Le véritable brasier se situe ailleurs : entre Mick Jones et Joe Strummer, les deux cerveaux du groupe.

À cette époque, Joe Strummer rejette totalement l’idée d’un succès mainstream. Pour lui, The Clash, qu’on appelait alors "le seul groupe qui compte", doit rester fidèle à ses idéaux : révolutionnaires, engagés, radicaux. Strummer rêve d’une tournée mondiale pour faire passer un message, quitte à perdre les paillettes. Mick Jones, lui, aspire à autre chose : une reconnaissance planétaire, des disques d’or, un peu de repos après six années de tournée ininterrompue. Il vit désormais à New York avec Ellen Foley (la chanteuse à qui "Should I Stay or Should I Go" est dédié) et s’éloigne de plus en plus du groupe.

Les conflits s’enveniment. Joe Strummer ne mâche pas ses mots : « C'était difficile de travailler avec Mick à cette époque, a-t-il déclaré dans le documentaire Westway to the World. Il ne venait pas aux répétitions et, lorsqu’il le faisait, il était pire qu’Elizabeth Taylor. » De son côté, Mick Jones reconnaît sa part de responsabilité : « Je me suis laissé emporter, il fallait que je garde le contrôle de la situation. »

Le concert à San Bernardino est particulièrement tendu. Terry Chimes a quitté le groupe ; il est remplacé à la batterie par Pete Howard. Joe Strummer entre en conflit avec l’organisateur, Steve Wozniak (cofondateur d’Apple) au sujet du prix des billets. Il menace même de ne pas jouer si les recettes ne sont pas versées à des œuvres caritatives locales.

Quelques mois plus tard, en septembre 1983, Mick Jones est officiellement exclu du groupe. Paul Simonon résume la décision sans détour : « On en avait assez. On s’est dit : renvoyons-le et voyons comment gérer les conséquences. » Mais ces conséquences sont fatales : sans Mick, le sens mélodique de The Clash s’effondre.

En 1985, Joe Strummer et Paul Simonon tentent de continuer l’aventure avec les guitaristes Nick Sheppard et Vince White, publiant l’album Cut the Crap. Le disque est un échec artistique, même si le morceau "This is England" est devenu culte auprès des fans. Moins d’un an plus tard, The Clash se sépare.

De son côté, Mick Jones fonde General Public, puis surtout Big Audio Dynamite, groupe dans lequel il mêle rock, électronique et dub. Joe Strummer explore également de nouveaux horizons : musiques du monde, collaborations avec The Pogues, création de The Mescaleros, et… réconciliation avec Mick Jones.

Ensemble, ils travaillent sur le deuxième album de Big Audio Dynamite, No. 10 Upping Street. Les deux amis se retrouvent. Ils projettent même de réunir The Clash avec Paul Simonon et Topper Headon pour leur intronisation au Rock and Roll Hall of Fame prévue en 2003. Mais la tragédie frappe avant : Joe Strummer meurt d’une crise cardiaque le 22 décembre 2002.

Strummer avait dit un jour :

« Un groupe est toujours le fruit de l’alchimie de quatre personnes qui jouent ensemble. Et si ça marche, on ne s’y arrête pas, on le fait durer aussi longtemps qu’on le peut. C’est une leçon pour tout le monde. On l’a apprise. »

The Clash, malgré les luttes internes, reste l’un des groupes les plus influents du XXe siècle. Et cette journée de 1983, au cœur de la Californie, fut le dernier éclair de leur orage électrique.